C’est un brin provocateur de publier cet article au mois d’octobre alors que la bise se lève sur les rives du lac Léman et que les températures ont baissé en Suisse. En Californie, cela fait depuis notre arrivée que le soleil brille, que les températures oscillent entre 20 et 30°C (ou 70 et 85°F si vous préférez faire du calcul mental) et que nous portons des shorts en permanence … ou presque. En moyenne, à Santa Barbara, il y a 300 jours de soleil par an mais promis, dans cet article, il n’y aura aucune photo de ciel bleu !
Selon la classification des climats de Köppen, Santa Barbara (et par extension, le sud de la Californie) ont un climat type CSA, soit tempéré chaud avec des étés secs, c’est plus ou moins comparable au climat du sud de l’Espagne. Actuellement, le Golden State est en train de traverser une intense sécheresse tandis que les états du sud-est des Etats-Unis ont vu des inondations, tornades et autres événements climatiques extrêmes. Depuis plusieurs années, la sécheresse fait partie du quotidien des Californiens: réservoirs d’eau potable qui diminuent à vitesse grand v, nappe phréatique à sec et un stress hydrique pour un bon nombre de régions.
La Californie est une région tellement vaste et gigantesque, qu’elle représente à elle seule une véritable mosaïque climatique: le nord de la Californie est plutôt océanique, le sud-est désertique et la Sierra Nevada a un climat continental; un vrai méli-mélo. La côte californienne est sous l’influence d’El Nino, un phénomène climatique complexe qui agit sur les températures et les précipitations. Actuellement, nous sommes sous l’influence de La Nina, ce qui crée un temps pluvieux et plus froid au Nord et chaud et sec au Sud. Une équipe du National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) vient d’annoncer que l’année 2022 sera de nouveau sous le signe de La Nina, donc de nouvelles sécheresses en perspective.
A Santa Barbara, nous n’avons pas eu de pluie depuis le mois de mars. Jusqu’à ce soir d’octobre où une ambiance apocalyptique a régné sur la ville. Le ciel s’est assombri, un gigantesque orage s’est abattu sur tout le sud de la Californie. Vu que l’événement était simplement hors du commun, toute la population était réunie dans les parcs et le long de l’océan pour assister au spectacle de l’année. En Suisse, on se serait calfeutré sous une couverture avec un chocolat chaud à la main. Cela faisait si longtemps que nous n’avions pas vu les éléments se déchainer avec tant de force. Le ciel était en feu et les couleurs sublimes.
Bien qu’il ait 300 jours de soleil par année, il existe quelques petites subtilités. En mars dernier, nous venions d’emménager dans notre nouvel appartement et un soir, je discute avec notre voisin et je lui explique qu’en Suisse, nous avons un phénomène météo relativement déprimant: le fameux stratus du plateau. Et là, il me dit qu’au sud de la Californie, il y a exactement le même phénomène (je ne vous explique pas la tête que j’ai fait à ce moment-là) et il dure de mai à juillet; c’est le fameux May Gray, June Gloom et parfois le plaisir se prolonge jusqu’en juillet avec le No-Sky July. La bonne nouvelle est que le stratus californien se dissipe aux alentours de 11h.
Pour répondre à la question en titre de l’article « vivre tous les jours sous le soleil, n’est-ce pas lassant à la longue ? », il est certain que nous nous levons le matin avec l’assurance d’avoir du soleil et nous n’avons pas besoin de regarder la météo avant de planifier des activités outdoor afin de s’assurer que Philippe Jeanneret n’a pas oublié une énième perturbation d’ouest.
Il faut l'avouer, ce soleil et ce ciel bleu a un petit côté monotone. Bien sûr, nous avons de splendides couchers de soleil sur l'océan mais les lumières sont souvent les mêmes, nous n’avons pas ces gros cumulus qui font la beauté des ciels d’été en Suisse, ni une semaine de pluie en continu qui fait que les plantes verdissent. Il n'y a plus d'eau dans les cours d'eau et la végétation est asséchée. Sur la côte, on vit un été éternel. L’hiver, il faudra aller le chercher du côté de la Sierra Nevada lorsque les crêtes seront recouvertes de neige.
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