La Sierra Nevada est une chaîne de montagne qui culmine à plus de 4000 mètres d’altitude et qui s’étire sur plus de 650 kilomètres à l’Est de la Californie. C’est cette région qui héberge quelques-uns des parcs nationaux les plus mythiques des Etats-Unis : Yosemite, Sequoia ou encore Kings Canyon National Park mais également des dizaines de Wilderness Area, des trails comme le John Muir Trail ou une partie du PCT. Ce sont également ces paysages qui ont vu affluer ces hommes venus chercher fortune dans l’Ouest sur ces terres habitées jadis par les Indiens ; la fameuse Gold Rush il y a plus de 150 ans.
Dans notre imaginaire, la Sierra est synonyme de grands espaces sauvages, de régions mystiques et d’un terrain de jeu hors-du-commun où nous pourrons user skis, crampons, cordes d’escalade et chaussures de marche.
Une fois arrivés en Californie, nous avons rapidement dégoté le topo de ski de randonnée: Backcountry skiing in the Eastern Sierra ; c’est en quelque sorte la bible. Les mois de mars, avril et mai sont décrits comme étant the prime time, the snowiest months for picking off big mountain lines in the high country. For many locals, the season doesn’t even start until mid-march. Vous pensez bien qu’à la lecture de ces lignes et dès notre installation terminée et le van acheté, nous avons sauté sur l’occasion du week-end de Pâques pour passer quelques jours dans la Sierra.
La première (et non moins déroutante) étape d’un week-end de ski dans la Sierra est de traverser un désert; et plus particulièrement la partie ouest du désert de Mojave. Ce n’est pas en allant skier dans les Grisons qu’on traverse des étendues désertiques avec des cactus! Nous empruntons la célèbre route US 395, une Scenic Highway comme les américains appellent ces routes où chaque miles vous coupe le souffle tellement que les paysages sont grandioses ; vous restez littéralement bouche-bée devant votre pare-brise en sirotant un Coca-Cola. Peu à peu la route prend de l’altitude, nous apercevons au loin le début de la Sierra Nevada et parcourons la gigantesque Owens Valley pour atteindre la ville de Bishop où nous nous arrêtons pour la nuit.
Connaître les conditions de ski de randonnées dans les Alpes est presque devenu un jeu d’enfant; on connaît tous quelqu’un qui a congé en permanence en semaine et qui a été voir tel côté du Chablais, plutôt dans les Alpes vaudoise ou qui revient du Haut-Valais avec un bronzage parfait et un « super conditions dans le Binntal ». Découvrir un nouveau massif, comme la Sierra, est très excitant mais ce n’est pas toujours facile d’être au courant des conditions locales et l’historique de l’enneigement, malgré les forums et les bulletins d’avalanche. Le mieux est de se renseigner directement sur place et essayer de croiser des gens avec une dégaine de montagnards (le port de la micro-doudoune Patagonia est un indice fiable) pour obtenir des informations fraiches et locales. Après avoir échangé avec les vendeurs du magasin de montagne de Bishop et plusieurs personnes sur un parking qui revenaient d’une rando, les skis sur le sac (pas forcement positif !), ils sont unanimes ; cet hiver est particulièrement sec, il y a eu peu de neige et beaucoup de vent et il faut viser plutôt Mammoth ou même June Lake. Aussitôt dit, aussitôt fait.
Il ne faut pas oublier que dans la Sierra, on se retrouve très rapidement seuls, loin de tout (hé non, ce n’est pas la foule du parking du Col des Mosses un dimanche matin !) et surtout sans aucune couverture réseau dès que l’on sort des localités. Il est donc indispensable de s’équiper d’une balise type Spot ou InReach qui permet d’appeler les secours en cas de pépin.
Pendant ces quelques jours, nous n’avons pas fait tous les sommets que nous pensions mais nous avons skié avec des vues sublimes et complètement inhabituelles pour nous. Nous avons été conquis par la grandeur et la variété de ces paysages ; en quelques miles, on passe d’une forêt de conifères digne de la taïga à un paysage aride jauni par le soleil, des montagnes aux cimes enneigées qui contraste avec le paysage volcanique de la Owens Valley ; des lacs aux dégradés de bleus et de verts. Ici, pas de profondes vallées, ni de pics acérés comme dans les Alpes ; la région de June Lake se caractérise par un haut plateau parsemé de sommets qui paraissent débonnaires au premier abord mais qui atteignent l’altitude respectable de près de 4000 mètres.
Cette escapade nous a donné mille idées ; partir à la découverte des Alabama Hills, escalader le Mont Whitney, randonner une partie du John Muir Trail, se balader dans la ville de Lone Pine, connue mondialement pour ses Westerns, visiter des villes fantômes et bien d’autres idées machiavéliques !
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