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Elodie

Parc National de Yosemite

Dernière mise à jour : 22 nov. 2021

Une vallée glaciaire en auge aux formes parfaites, des cascades vertigineuses, la paroi granitique de El Capitan qui s’élance vers le ciel, l’emblématique Half Dome, des espaces sauvages à l’infini: voici les images d’Epinal que nous avons en tête lorsque l’on pense au parc national du Yosemite. Détail non négligeable, faut-il souligner que le parc est visité par plus de 4 millions de personnes par année ? Certes, c'est beaucoup mais il est possible de se retrouver seul, sans âme à l'horizon; il faut juste faire preuve d'un peu de créativité.




Une chose est certaine, il ne faut pas imaginer pénétrer dans le Yosemite et revivre My First Summer in the Sierras de John Muir où il relate son vagabondage en direction de la Yosemite Valley lors de la transhumance de ses moutons. Près de deux siècles plus tard, la réalité est un peu différente mais le sens profond de la Wilderness est resté intacte.


Wilderness, ce mot qu’on trouve à toutes les sauces dans les équipements de camping et dans les programmes d’aventures des tours-opérateurs, se traduit difficilement en français. Il est pourtant un des fondements de la société américaine et a été officiellement définit en 1964 par le Wilderness Act :


"A wilderness, in contrast with those areas where man and his own works dominate the landscape, is hereby recognized as an area where the earth and its community of life are untrammeled by man, where man himself is a visitor who does not remain."

Un des principaux piliers de cette loi est de minimiser l’impact de l’homme sur l’environnement naturel tout en garantissant un accès à la nature pour tout un chacun et surtout, garantir la solitude. C'est un savant mélange entre la conservation du paysage emblématique et donner un accès à la nature. Dans les parcs nationaux aux Etats-Unis, il y en a pour tout le monde; que cela soit pour des personnes en quête de solitude qui sont prêts à marcher plusieurs jours en autonomie, aux personnes à mobilité réduites qui pourront toujours avoir accès à un point de vue exceptionnel aménagé pour des chaises roulantes.





Début juin, nous avons passé quelques jours au Yosemite. Alors, comment visiter un lieu qui accueille plus de 4 millions de visiteurs par an en version off the beaten tracks ?


Faire du Backcountry Camping


Toujours en quête des coins les plus sauvages et originaux, nous avons laissé tomber les itinéraires normaux où la foule s’empresse et avons plongé dans la Great Wilderness. Dans les parcs nationaux, l’accès à cette nature sauvage est régulé et se fait en fonction de quotas. Il est impératif d’obtenir un permis pour pouvoir dormir dans la Wilderness. Ces permis, qui s'arrachent comme des petits pains, sont disponibles entre 6 mois et 2 semaines avant le jour souhaité et sont soumis à des règles strictes. Il faut planifier avec précision son itinéraire et en faire part aux rangers du parc.



Le fameux Bear Canister

Le 2 juin, la veille de notre départ, nous avons rendez-vous avec une ranger du Wilderness Center qui nous explique les comportements à adopter, en particulier avec les ours. Dans leur royaume, il impératif de stocker correctement sa nourriture dans un bear proof canister pendant la nuit.


C’est seul au monde et au prix de plusieurs litres de sueurs que nous avons parcouru le Pohono Trail qui s’étire de Tunnel View à Glacier Point sur deux jours. Au programme: des points de vus à couper le souffle sur El Capitan et Upper Yosemite Falls. Au fur et à mesure de notre avancement, le paysage s'ouvre sur Half Dome qui apparait tel un monolithe de granite culminant à 8'839 feet (2693 mètres). Au loin, on devine Little Yosemite Valley, cette vallée sauvage qui est empruntée par le mythique John Muir Trail, un itinéraire de randonnée qui relie le parc du Yosemite au Mount Whitney.


Une fois arrivés à Glacier Point, on retrouve la civilisation et son lot de visiteurs. Le hitch-hiking pour retourner à Tunnel View ne s'avère pas si évident mais nous sommes pris par un couple de retraité très sympathiques de San Diego au volant de leur gros pick-up qui nous ramènent à Tunnel View pour récupérer notre van.


Grimper le mythique granite du Yosemite


Pour grimper au Yosemite, pas besoin de permis et pas besoin de s’appeler Alex Honnold, alors on en a profité !


D’ailleurs, il n’y a pas que El Cap pour grimper et seul une poignée de grimpeurs ont le niveau (et l’envie) de grimper du Big Wall, dormir dans un portaledge suspendu à l’aide de coinceurs et Friends à 600 mètres en dessus du vide. Par contre, ce qu’il y a en commun entre El Capitan et presque n’importe quel autre site de grimpe, c’est la quasi absence de protection en place; pas de spits, ni de relais ! De quoi pimenter l'affaire...



Pour les néophytes, les Friends, tout comme les coinceurs, sont des protections amovibles que l’on pose sur le rocher pour protéger l’évolution du grimpeur en tête; c’est ce qu’on appelle du Trad Climbing. C’est la forme de grimpe la plus populaire aux Etats-Unis car elle a un impact minimal sur le rocher et l’environnement.


Ne connaissant pas le site et la valeur des cotations, nous avons visé une voie de plusieurs longueurs plutôt facile. De plus, il ne faut pas oublier que nous devons tout protéger nous-même ce qui rend la progression plus difficile. Mais quel bonheur de grimper sur du granite massif avec une vue incroyable sur Half Dome ! Une fois en haut de la voie, on se trouve au sommet de Lower Yosemite Falls, seuls au monde alors que 300 mètres plus bas, c’est la foule.





Tuolumne Meadows est un autre secteur du parc du Yosemite où il y a de belles voies de grimpe avec de jolis sommets à la clé. Nous prévoyons d’y aller au mois de juillet une fois que les derniers névés auront fondu et que les températures seront trop chaudes pour grimper à basse altitude.


En conclusion, c'est étrange pour nous, suisses, de prendre un permis pour accéder à la nature mais c'est peut être pas une si mauvaise solution pour la sauvegarder, la protéger et limiter l'impact environnemental. Selon moi, le concept de Wilderness ne peut pas s'appliquer à la Suisse car nous n'avons pas le même rapport à la nature qu'aux Etats-Unis; pas de vastes espaces inhabités où vagabondent ours et animaux sauvages. Même aux portes de Los Angeles, cette mégapole tentaculaire, on trouve des National Forests où il est plus facile de se perdre que dans la forêts du Risoud. On a de la peine à réaliser qu'il est possible de passer de Downtown Los Angeles à la forêt de San Bernardino en 40 minutes et de devoir utiliser une Bear Canister pour protéger sa nourriture des ours.

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