Avec mon visa J-2, j’ai le droit de travailler aux Etats-Unis ou plutôt, j’ai le droit de faire la demande d’un permis de travail; qui est généralement accepté. Dès mon arrivée en Californie, j’ai envoyé le dossier comprenant le formulaire officiel, la vingtaine de justificatifs, pièces jointes, preuves diverses et variées que mon statut aux Etats-Unis est légal, ainsi qu’un chèque de $ 410. J’ai reçu une notification que mon dossier a bien été réceptionné et surtout que le chèque a été encaissé mais pas encore d’Employment Authorization Card à l’horizon. Comme j’ai encore quelques semaines devant moi avant de recevoir le précieux sésame et pour tirer le maximum de mon expérience en Californie, je décide de me lancer dans le volontariat. Décryptage.
Le volontariat est un pilier de la société américaine; tout comme le sens profond de la Community qui en est le ciment. Lorsque les services publics ne remplissent pas complètement leurs tâches, c’est la communauté qui prend le relai. Dans un pays très libéral où le budget pour acheter des chars d’assaut ou construire un mur - vous aurez deviné lequel - est relativement important, d'autres secteurs sont négligés, comme par exemple, les sentiers de randonnées. Ce n’est pas parce que c’est coûteux, c’est tout simplement que l’Etat donne de moins en moins d’argent et qu’un jour, le budget disparait. Il y a un organisme à but non lucratif qui a été créé afin de gérer les chemins de randonnées dans la National Forest qui jouxte la ville de Santa Barbara, c’est Los Padres Forest Association. Ils sont précisément à la recherche de bénévoles pour remettre en état et défricher une partie du Santa Cruz Trail dans la San Rafael Wilderness Area de la forêt de Los Padres.
J’ai donc embarqué pour quatre jours de Trail Maintenance. C’est l’occasion de mettre un pied dans la vie communautaire locale, de rencontrer des nouvelles personnes et de découvrir un secteur backcountry de la National Forest. Sur une dizaine de jours, pas moins de trente bénévoles se sont relayés pour défricher le sentier. L’aventure commence à la Ranger Station de Paradise Road où je rejoins une partie du groupe. Après deux heures en véhicules tout-terrain 4x4 sur des chemins sinueux et vertigineux, le reste doit se faire à pied. Le matériel lourd est transporté par des chevaux et mules. C'est une véritable expédition !
Nous nous enfonçons dans la Wilderness; se détache au loin une enfilade de crêtes montagneuses et forestières. Nous sommes totalement seuls, coupés du reste du monde extérieur. Plus âme qui vit, plus d’habitations en vue, plus de couverture réseaux; le paysage n’est que forêts et espaces où laisser vagabonder son esprit. Nous sommes sur le terrain des ours, des Mountains Lions et d'autres créatures sympathiques.
Il est vrai que ce n’est pas aussi impressionnant que le paysage du val d’Hérens avec la Dent Blanche en toile de fond mais ces étendues infinies représentent le cœur de l’American Wilderness décrite par des auteurs comme John Muir ou Thoreau.
"Et dans la forêt je pars, pour perdre mon esprit et retrouver mon âme." John Muir
Lors de l’édification du camp, le drapeau américain est planté; j’ai l’impression de vivre la conquête de la lune où Neil Armstrong plante le drapeau sur le sol lunaire. Cela peut paraitre patriote de symboliser le camp par un drapeau mais en comparaison, il y a bien des drapeaux suisses qui flottent à côté de toutes les cabanes du Club Alpin !
Chaque matin, on se rend avec nos cisailles et scies sur le Santa Cruz Trail. L’ambiance est très conviviale. On peut choisir combien de jours on reste sur place et la durée de nos journées. Vu qu’on est bénévole, il y a peu de contraintes. Une fois de retour au campement, on est accueillis par des bières fraîches. Rich, le cuisto est derrière les fourneaux à longueur de journée pour rassasier les troupes et concocter de bons plats. Il arrive même à faire cuire un succulent cake au feu de bois, du jamais vu ! La soirée se termine généralement autour du feu entre blagues que j'ai encore un peu de peine à saisir et récits d'un autre temps.
Les trois images montrent l'ampleur du travail réalisé. Une section du trail avant le défrichement (à gauche) où il est quasiment impossible de marcher, défrichement en cours (au milieu) puis l'image de droite est lorsque c'est terminé. Un travail de titan.
Fin mai, je vais embarquer pour une deuxième semaine de Trail Maintenance, toujours dans la forêt de Los Padres mais dans un autre secteur du Backcountry : Pine Mountain. Je vais également commencer la formation pour faire des visites guidées au Musée Maritime de Santa Barbara. Au programme : histoire des stations baleinières en Californie, écologie des Channel Islands, mammifères marins, plateformes pétrolières du détroit de Santa Barbara ainsi que us et coutumes des Indiens Chumash. J’ai hâte !
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