En mars dernier, nous commencions une nouvelle aventure; à deux, à plus de 9’000 kilomètres de notre Helvétie natale. Une aventure qui va nous marquer à jamais. Un peu moins de 3 mois après avoir posé nos valises sous les palmiers, je faisais un premier bilan. A l’époque, on cherchait nos marques et je n’avais pas encore de travail. Les choses ont bien évolué et on a totalement accroché à la vie au bord de l’océan. Dernièrement, une amie me pose la question: "Alors, au final, ça fait quoi d’habiter en Californie ?". C’est l’heure du deuxième bilan.
Je partais dans une région dans laquelle je n’avais jamais mis les pieds. A chaque fois que je passe devant ce panneau autoroutier "Santa Barbara 25 miles", je ne peux m’empêcher de repenser à la première fois que nous avons roulé sur cette autoroute le long de la côte Pacifique, fatigués par le décalage horaire mais les yeux écarquillés; c’est là qu’on va habiter!
L’image que les européens ont du Golden State est parfois idéalisée, trompée, souvent déformée par les choses que l’on voit dans les films. Etat symbole de l’American Way of Life et du glamour hollywoodien, la Californie incarne un mode de vie à la cool, un lieu où la réussite est à la portée de tous. En SoCal (Southern California), on retrouve ce côté bling-bling, les plages de sables, les pistes cyclables au bord de l'océan, les palmiers et la planche de surf sous le bras; c’est là que nous habitons et j’ai parfois l’impression de vivre dans une série télé car Santa Barbara est un lieu qui incarne tous les clichés qu’on peut avoir sur la Californie.
Pourtant, cela serait trop simpliste de réduire cet état, plus grand que l’Allemagne, à sa région SoCal. La Californie est un monde de contrastes, une mosaïque culturelle et paysagère et abrite des mondes totalement opposés, bien loin des clichés hollywoodiens: le NorCal avec ses cultivateurs de cannabis et ses arbres géants, sauvage et inhospitalier; la Central Valley, le grenier à grain des Etats-Unis avec ses Trump lovers, une région très conservatrice, à des années-lumière de notre quotidien. Il y a aussi la Sierra Nevada qui abrite des parcs nationaux aux paysages extraordinaires, pour en prendre plein les yeux. Finalement, il y a le désert: sur la trace des pionniers et des chercheurs d’or, mais aussi des villes minières comme Trona, plantée au milieu de rien où plane une atmosphère de désenchantement et d'abandon.
Habiter en Californie permet de connaître le pays de l’intérieur; comprendre les subtilités, voir la réalité et pas seulement y aller pour y passer ses vacances. Cela prend une tout autre dimension; beaucoup plus intéressante, à mon avis. S’adapter, s’intégrer: c’est un véritable challenge mais je le vois comme une expérience de vie qui fait de nous des personnes plus riches.
Pour ma part, les choses se sont totalement débloquées le jour où j’ai commencé à travailler. Moi qui pensais que ça allait être un parcours du combattant, je n’ai jamais trouvé un travail aussi facilement qu’ici et j’ai été accueillie à bras grands ouverts par mes collègues du Musée d'Histoire naturelle de Santa Barbara. Partir à l’étranger a aussi été l’occasion de me lancer dans de nouveaux projets: la photo et l’écriture. Et j’en tire beaucoup de positif. Vivre dans un pays où les gens sont toujours de bonne humeur, positif et encourageant est vraiment très agréable.
Il y a aussi l’envers du décor, la réalité de tout expatrié: la distance avec les amis et la famille. 9h de décalage par rapport à l’Europe, c’est beaucoup. Heureusement, grâce aux réseaux sociaux, la distance s’estompe mais ce n’est pas toujours évident.
En résumé, voilà ce que ça fait d'habiter en Californie; sans oublier les découvertes et nos escapades en van aux quatre coins de cet état gigantesque, sans quoi notre aventure ne serait pas complète. Les paysages du Sud-Ouest des Etats-Unis sont totalement bluffants; ceux de la côte californienne sont plus discrets, plus intimistes mais ils savent dévoiler toutes leurs saveurs quand on prend le temps de les parcourir. Moi, qui suis folle d'aventures, de découvertes et d'inconnus, voyager aux Etats-Unis est un sentiment unique de liberté; les routes à perte de vue, les paysages qui nous scotchent.
Quoi que l'on puisse en dire, les Etats-Unis reste un pays qui fait encore rêver et fantasmer.
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